Blaise zago

 

Comment avez-vous eu l’idée de créer ce centre ?

J’ai été à la présidence du tribunal de commerce de Laval pendant 8 ans. Des entreprises en difficultés, j’en ai rencontré beaucoup. Suffisamment pour me persuader de l’importance de prévenir les situations difficiles avant qu’elles ne deviennent inextricables. Le dispositif  des Centres d’Information sur la Prévention des difficultés des entreprises existe en France depuis plusieurs années déjà et compte aujourd’hui une cinquantaine de centres en France. J’ai proposé l’idée de créer un centre en Mayenne il y a plusieurs mois. Madame la Préfète a tout de suite adhéré au projet. Les partenaires, à savoir les juges consulaires, l’Ordre des experts-comptables et des avocats ont aussi très vite donné leur accord. En créant le CIP de Mayenne, nous avons décidé d’associer très largement les acteurs économiques : le Conseil Général, le Conseil Régional, les syndicats professionnels, les banques et les Chambres Consulaires…

Pouvez-vous nous présenter le centre en quelques mots ? Quels objectifs poursuivez-vous ?

Quand une entreprise, notamment une TPE, connaît une période difficile, son dirigeant peut venir nous rencontrer. C’est un endroit neutre, où l’on écoute et l’on conseille de manière totalement gratuite et confidentielle. Il suffit de prendre rendez-vous grâce à notre numéro vert : 0800 100 259. Tous les jeudis, un ex-juge du tribunal de commerce et un expert-comptable reçoivent les entreprises. Nous sommes au total 5 juges et 5 experts-comptables à nous relayer bénévolement. Notre objectif est double : anticiper en apportant les conseils nécessaires à une sortie de crise et simplifier les démarches de l’entreprise : souvent les TPE n’ont pas d’interlocuteur unique, elles doivent frapper à plusieurs portes avant d’avoir une réponse. Aller voir son banquier, se rendre au Tribunal par exemple, cela fait peur. Nous voulons dédramatiser les démarches qui peuvent aider les entreprises, et mettre à leur disposition un espace d’écoute hors de toute pression. Nous sommes facilitateur, nous n’obligeons à rien. Nous aidons aussi le chef d’entreprise à se poser les bonnes questions. Nous identifions avec lui l’origine du problème. La solution miracle n’existe pas, nous ne voulons pas faire rêver mais déclencher une prise de conscience avant que le chef d’entreprise ne prenne trop de risques et ne puisse plus faire marche arrière. On estime, depuis la mise en place du dispositif, que 7 entreprises sur 10 qui nous consultent trouvent des solutions.

Les premières consultations ont eu lieu au début du mois de mai. Quels sont les premiers constats ?

Nous en sommes à notre troisième séance et déjà 10 dossiers traités. Notre agenda est complet jusqu’à la mi-juillet ; ce qui montre qu’une telle structure était attendue.
Pour le moment les entreprises qui nous consultent sont de tailles hétérogènes bien que nous ayons pour cible principale les TPE de moins de 5 salariés. Actuellement, sur 50 000 dépôts de bilan annuels, 90% sont des TPE. C’est 45 000 emplois détruits et il n’y a pas d’outils pour eux. Bien souvent, les banquiers sont eux aussi démunis pour les conseiller. C’est pour cette raison que nous nous adressons d’abord aux TPE même si nous restons ouverts à tous les types d’entreprises. J’ai par ailleurs été très surpris de la mobilisation des acteurs économiques mayennais lors de la création du CIP en Mayenne. C’est une excellente chose. Je ne crois pas aux grands phénomènes mais plutôt aux petites initiatives locales qui font boule de neige.